Le "quiet quitting" : Un phénomène mondial qui redéfinit le rapport au travail à Madagascar
28 octobre, 2024 by
Le "quiet quitting" : Un phénomène mondial qui redéfinit le rapport au travail à Madagascar
Nehemia ANDRIANTSIFERANA
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Le phénomène du "quiet quitting" (ou "démission silencieuse") est un terme récent pour décrire une tendance de plus en plus marquée dans le monde du travail, où les employés, en particulier ceux de la génération Z, décident de se limiter au strict minimum requis par leur emploi, sans fournir d'efforts supplémentaires non rémunérés. Contrairement à la démission classique, le "quiet quitting" ne signifie pas quitter son poste, mais plutôt réduire son engagement tout en restant dans l'entreprise. Ce phénomène a émergé après la pandémie de COVID-19, influencé par des questions de bien-être au travail et de recherche d'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.


Les origines et causes du "quiet quitting"

Initialement popularisé aux États-Unis via TikTok, le "quiet quitting" a pris racine dans un contexte de désillusion croissante vis-à-vis du monde du travail. Plusieurs facteurs y contribuent :

1. L'épuisement mental et le besoin de protéger sa santé : De nombreux employés, notamment les plus jeunes, souffrent de stress et d'épuisement professionnel, souvent exacerbés par des responsabilités accrues sans contrepartie en termes de rémunération ou de reconnaissance. Selon une étude menée par Malakoff Humanis, les moins de 30 ans sont particulièrement vulnérables à ces problèmes de santé mentale. Ils voient dans le "quiet quitting" une manière de se préserver face à des conditions de travail oppressantes​.

2. Le désengagement suite à un manque de reconnaissance : Beaucoup de salariés se sentent déçus lorsqu'ils ne reçoivent ni promotion ni reconnaissance pour leurs efforts. En l'absence de perspectives d'évolution, certains choisissent de ne plus s'investir au-delà de leurs tâches de base​.

3. L'impact du télétravail et de la pandémie : La pandémie de COVID-19 a radicalement changé la manière dont les gens perçoivent leur emploi. En travaillant depuis chez eux, beaucoup ont pris conscience de l'importance de leur bien-être et de leur vie personnelle. Cela a contribué à une volonté accrue de ne pas sacrifier ces aspects au profit du travail​.

Le "quiet quitting" dans le contexte malgache

À Madagascar, bien que cette tendance soit moins médiatisée que dans d'autres pays, certains indices montrent que le phénomène pourrait également y prendre forme. Les entreprises malgaches, en particulier dans le secteur des services, sont de plus en plus confrontées à des employés cherchant à préserver leur équilibre de vie, notamment à cause des conditions économiques difficiles et de l'impact psychologique de la crise sanitaire.

Avec l'inflation galopante et la stagnation des salaires, les travailleurs malgaches, en particulier les jeunes diplômés, peuvent être tentés de rejoindre ce mouvement. Dans les grandes villes comme Antananarivo, où la compétition pour des emplois bien rémunérés est féroce, les entreprises doivent faire face à un dilemme : maintenir des niveaux élevés d'engagement tout en répondant aux attentes croissantes des employés en matière de bien-être.


Que peuvent faire les entreprises pour y faire face ?

1. Promouvoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle : Offrir plus de flexibilité, comme des horaires de travail adaptés ou la possibilité de télétravailler, pourrait aider les entreprises à éviter le désengagement de leurs employés​.

2. Donner des perspectives d'évolution : Le manque de visibilité sur les opportunités de carrière est l'une des principales raisons du "quiet quitting". En Madagascar, où les opportunités de progression peuvent sembler limitées, offrir des formations continues ou un cheminement de carrière clair pourrait favoriser un engagement accru.

3. Créer un environnement de travail plus humain et respectueux : Les entreprises qui encouragent la confiance, l'autonomie et la reconnaissance des efforts de leurs employés sont plus susceptibles de maintenir un bon niveau d'engagement​.

En somme, le "quiet quitting" n'est pas simplement une révolte silencieuse contre le travail, mais un appel à repenser les priorités au sein des entreprises. À Madagascar, les entreprises devront s'adapter à ces nouvelles attentes des travailleurs en privilégiant un management plus souple, plus humain, et en mettant l'accent sur le bien-être au travail.

Le "quiet quitting" : Un phénomène mondial qui redéfinit le rapport au travail à Madagascar
Nehemia ANDRIANTSIFERANA
28 octobre, 2024
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